Le fluide d’usinage
Le choix du fluide
Le choix d’un fluide d’usinage et de ses additifs doit répondre aux exigences techniques définies par le procédé d’usinage. Toutefois, la dangerosité des composants doit être prise en compte dans le choix final.
Pour ce faire, il est recommandé au chef d’entreprise de :
– s’assurer d’être en possession de la Fiche de Données de Sécurité (FDS) datant de moins de 3 ans et conforme au règlement REACH3,
– consulter cette FDS pour connaître la composition du produit ainsi que ses dangers et des principaux additifs entrant dans sa composition,
– consulter la fiche technique du produit pour s’assurer que le mode d’utilisation est adapté à la nature du fluide,
– demander un avis au médecin du travail et à l’équipe pluridisciplinaire du SIST ou au service Prévention de la Carsat pour valider son choix.
Dans le cas du choix d’un fluide aqueux, tout en tenant compte des contraintes techniques, le chef d’entreprise devra s’assurer auprès du fournisseur que les fluides choisis :
– ne contiennent pas les substances chimiques suivantes : uDiéthanolamine (amine secondaire utilisée en tant qu’additif),
– Morpholine (amine secondaire utilisée en tant qu’additif),
– Acide borique et des borates (biocide),
– Formaldéhyde (biocide),
– ont un pH modéré (de l’ordre de 9) pour limiter le caractère irritant de ceux-ci.
Rappel : Les FDS doivent être systématiquement transmises au médecin du travail.
La préparation des fluides.
Une huile entière s’utilise en l’état.
Un fluide aqueux se prépare à partir d’un concentré que l’on dilue à la concentration requise (généralement de 2 à 10 %). Ce mélange se prépare dans un récipient propre.
Il convient de nettoyer et désinfecter les circuits et les machines avant l’introduction d’un nouveau fluide de coupe. Cela permet de limiter la recolonisation rapide du fluide propre par des microorganismes.
Il est recommandé d’utiliser une eau pauvre en nitrates pour la dilution du fluide d’usinage aqueux (pas plus de 50 mg/l qui est la limite pour l’eau potable). Les nitrates conduisent à la formation de nitrites puis de nitrosamines en présence d’amines secondaires : Nitrites + amines secondaires => nitrosamines
Pour éviter la formation de nitrosamines
– Proscrire toutes sources de nitrites :
– l’eau de dilution chargée en nitrates,
– les bains de sels de traitement thermique,
– les émissions des moteurs diesel et le soudage à l’arc qui générent des oxydes d’azote pouvant jouer le même rôle que les nitrites.
– Choisir une huile sans amine secondaire (diethanolamine par exemple),
– Eviter certains produits anti-corrossion pouvant contenir des mélanges d’amines dont la triéthanolamine susceptible de contenir de la diéthanolamine.
( S’assurer auprès du fournisseur que les produits ne contiennent pas ces substances.)
Le suivi des fluides
Le suivi régulier des fluides d’usinage doit permettre de garantir :
– la conservation de leurs caractéristiques techniques,
– la maîtrise de la dangerosité liée à leur vieillissement.
Pour cela, il est recommandé au chef d’entreprise de suivre les préconisations de la fiche technique.
Le dégagement important de fumées au niveau de l’outil et le rougeoiement des copeaux traduisent des conditions d’usinage particulièrement sévères qu’il convient d’éviter. En effet, les huiles utilisées peuvent alors s’enrichir en HAP.
Il est préconisé de s’assurer d’une bonne décantation ou d’une bonne filtration de l’huile, en continu. Ces procédés permettent d’éliminer une partie des particules métalliques (les plus fines restant en suspension dans l’huile) et les huiles étrangères (huiles de glissières par exemple).
Il faut par ailleurs assurer un changement régulier des bains dont la fréquence est à déterminer en fonction des conditions d’utilisation.
Concernant plus spécifiquement les fluides d’usinage aqueux, la question de la contamination microbiologique est essentielle.
D’une part, la multiplication des microorganismes dans ces fluides de coupe entraîne une baisse de la performance des fluides. En se développant, les bactéries ou champignons microscopiques génèrent des dommages importants en s’agglomérant et colmatant les filtres et orifices.
D’autre part, elle peut présenter un risque pour le salarié en fonction du pouvoir pathogène de ces microorganismes. En France et à l’étranger, il n’existe aucune valeur limite d’exposition professionnelle réglementaire à ces deux types d’agents biologiques.
Au regard de ces constats, les fluides aqueux doivent être surveillés régulièrement afin de limiter la prolifération des microorganismes et l’exposition des salariés.
Les examens, le plus souvent rapides, permettent de maintenir les caractéristiques techniques du fluide et de prévenir les risques pour la santé des opérateurs.
Il est conseillé de surveiller différents paramètres en cours d’utilisation :
– le pH, n la concentration en produit actif, n la teneur en microorganismes,
– la teneur en nitrites,
– la qualité de l’eau.
Paramètres à suivre : Etat du fluider acqueux : / Recommandations : Absence d’odeurs désagréables Aspect clair pour les fluides synthétiques Aspect laiteux pour les émulsions avec absence d’huile en surface dans le bain (huile étrangère) : / Moyens : Simples.
Paramètres à suivre : Concentration en produit actif : / Recommandations : Entre 2 et 10 %4 : Moyens : Réfractomètre.
Paramètres à suivre : pH : / Recommandations : Entre 8 et 94 : / Moyens : Bandelettes.
Paramètres : Teneur en microorganismes : / Recommandations : < 106 UFC/mL (UFC : Unité Faisant Colonies) : / Moyens : Kit ou laboratoire.
Paramètres : Teneur en nitrites5 : / Recommandations : < 20 mg/l : / Moyens : Bandelettes colorimétriques.
Paramètres : Qualité de l’eau : / Recommandations : Teneur en nitrates <50mg/l : / Moyens : Analyse de l’eau.
4 Voir recommandations fournisseur
5Une augmentation de la teneur en nitrites nécessite :
•soit un remplacement total ou partiel du fluide de façon à revenir en dessous de 20 mg/l de nitrites,
•soit une analyse en laboratoire de la teneur en nitrosamines (la N-nitrosodiéthanolamine (NDELA) ne devant pas dépasser 5 mg/kg de fluide et celle en N-nitrosomorpholine 1 mg/kg).
La fréquence de la surveillance est à définir avec le fournisseur selon les utilisations mais peut se concevoir en routine sur un rythme hebdomadaire. En cas de dérive d’un ou plusieurs de ces paramètres, des mesures correctives conformes aux recommandations du fournisseur doivent être prises.