Le marché américain des lubrifiants fait face à des pressions sur les marges dans un contexte de stabilité prolongée des prix et de faible demande.

Le marché américain des lubrifiants a connu près de deux ans de stabilité des prix pour les lubrifiants finis, sans aucune annonce d’augmentation majeure des prix depuis le quatrième trimestre 2023. Cela fait suite à une volatilité importante en 2021 et 2022, lorsque les perturbations de la chaîne d’approvisionnement post-COVID ont entraîné de multiples flambées des prix des huiles de base et des additifs, obligeant les mélangeurs à augmenter les prix des lubrifiants finis un nombre de fois sans précédent.

Aujourd’hui, cependant, le marché est confronté à une pression à la baisse soutenue sur les prix, alimentée par une concurrence accrue et une demande atone. Un rapport publié précédemment par JobbersWorld indiquait que la demande de lubrifiants aux États-Unis avait diminué d’environ 6 % en 2024 par rapport à l’année précédente, les lubrifiants automobiles grand public ayant chuté de près de 9 % – une tendance attribuée à l’allongement des intervalles de vidange et à l’adoption croissante des véhicules électriques. Ces difficultés se sont poursuivies au premier semestre 2025, posant des défis persistants aux mélangeurs de lubrifiants dans tout le pays. La pression sur les prix est encore exacerbée par le fait qu’une grande compagnie pétrolière proposerait des lubrifiants de second ordre à des prix que certains mélangeurs estiment égaux, voire inférieurs, à leur coût de revient.

Alors que les mélangeurs disposent d’une marge de manœuvre limitée pour réduire leurs prix, les acheteurs exigent des remises substantielles pour changer de fournisseur, souvent impossibles sans compromettre la rentabilité ou réduire les services à valeur ajoutée. Par conséquent, de nombreux mélangeurs indiquent privilégier la fidélisation de leurs clients existants plutôt que de poursuivre une croissance agressive, en fixant les prix de leurs produits aux niveaux les plus bas et durables. Pour maîtriser leurs coûts, ils intensifient leurs négociations avec les fournisseurs d’huiles de base, d’additifs, d’emballages et d’autres intrants. Bien que certains fournisseurs d’additifs aient apparemment proposé de modestes concessions sur les prix, la plupart des fournisseurs d’huiles de base et d’additifs restent fermes, invoquant la stabilisation des coûts des matières premières et leurs propres contraintes de marge.

À ces défis s’ajoute la contrainte actuelle de l’approvisionnement en huile de base, due aux arrêts des raffineries pour maintenance, qui limitent la disponibilité et maintiennent les coûts à un niveau élevé. Une fois les arrêts terminés, probablement d’ici mi-2025, l’augmentation de l’offre pourrait atténuer la pression sur les prix, permettant ainsi aux mélangeurs de négocier de meilleures conditions, en fonction de la dynamique du marché et de la reprise de la demande.

Pris ensemble, ces facteurs laissent présager un environnement opérationnel difficile pour les mélangeurs de lubrifiants en 2025, marqué par une faible demande, une concurrence intense sur les prix et une réduction limitée des coûts de la part des fournisseurs. Face à des marges constamment sous pression, de nombreux mélangeurs sont contraints de recalibrer leurs stratégies commerciales, privilégiant la préservation plutôt que l’expansion. L’avenir dépendra probablement d’une combinaison de normalisation de l’offre d’huiles de base, d’une éventuelle reprise de la demande et de stratégies de prix rigoureuses. D’ici là, le secteur reste dans un équilibre précaire, où même de modestes variations de l’offre ou de la demande pourraient influencer significativement la stabilité du marché et la rentabilité.

Source : Par Thomas F. Glenn, JobbersWorld