
Couture parisienne, Cuirs et peaux, Habillement, Industrie de la chaussure et des articles chaussants, Maroquinerie et Textile
L’Observatoire Compétences Industries présente les résultats d’une étude prospective identifiant les facteurs d’évolution des métiers et des compétences et offrant des recommandations opérationnelles en matière de formation professionnelle
Observatoire Compétences Industries (observatoire-competences-industries.fr)
Paris, le 6 octobre 2023 – Six branches professionnelles des industries créatives et techniques mode luxe ont sollicité OPCO 2i pour disposer d’une étude prospective portant sur l’évolution de leurs métiers et de leurs compétences. Il s’agit de la Couture parisienne, des Cuirs et peaux, de l’Habillement, de l’Industrie de la chaussure et des articles chaussants, de la Maroquinerie et du Textile. Cette étude interbranches est assortie de recommandations opérationnelles, notamment en matière de formation, pour préparer l’avenir. Elle ne prend pas en compte les métiers de la bijouterie et de l’horlogerie.
L’étude a pour but d’identifier les éléments impactant l’activité des branches à court et moyen terme afin d’aboutir à la construction de scénarios prospectifs, balayant un large spectre de futurs possibles en termes d’activité pour les six branches professionnelles du périmètre. Elle évalue l’impact sur les métiers et les compétences de ces évolutions, dans chacun des scénarios. Cette étude propose, en outre, des recommandations et préconisations opérationnelles pour permettre aux branches professionnelles d’accompagner leurs entreprises et leurs salariés dans les mutations à venir.
QUATRE SCÉNARIOS
Quatre scénarios prospectifs ont été élaborés à partir des évolutions possibles des facteurs d’impact :
– Un monde en révolution écologique : l’univers concerné par l’étude est marqué par une forte intensification des attentes des parties prenantes en matière de durabilité et d’écologie, renforcée par la crise du COVID et une volonté partagée de ne plus revenir au monde d’avant. Ce mouvement génère une dynamique économique de croissance plutôt faible mais accompagnée d’investissements accélérés, fortement orientés par la réglementation et les pouvoirs publics. Dans le même temps, cette révolution verte ne va pas sans difficultés pour les entreprises, contraintes de se transformer profondément pour répondre à ces nouvelles attentes et qui voient leurs « business model » remis en question par certaines tendances sociétales et par un renforcement des exigences du cadre réglementaire pour certaines branches;
– Un scénario retour au monde d’avant : dans ce scénario, on revient au monde qu’on a connu avant la crise du COVID-19, marqué par la croissance économique, des flux de personnes et de biens libres et fluides, et une société qui reste globalement consumériste;
– Un monde en accélération technologique : le monde est marqué par une croissance dynamique tirée par le progrès technologique et une mobilité retrouvée et accélérée. Grâce à de gros efforts de recherche, la pandémie a pu être maîtrisée, les échanges de personnes et de biens se redéveloppent à nouveau fortement;
– Un monde en crise économique et sanitaire longue : marqué par une aggravation de la crise sanitaire et des risques géopolitiques, le monde connait une croissance faible voire nulle ou négative dans certaines zones.
DIX MÉTIERS ÉMERGENTS
L’étude a permis d’identifier 10 métiers émergents dont la probabilité d’apparition varie selon les scénarios. Il s’agit de métiers encore peu développés dans les branches professionnelles du périmètre et absents des référentiels métiers mais susceptibles d’être renforcés en effectifs dans les 3 à 5 ans à venir pour répondre aux mutations de l’activité des entreprises :
– Ingénieur robotique / automatismes : la robotisation croissante des ateliers (baisse des coûts, réponse à l’appétence pour le MIF-Made in France, ruptures technologiques…) devrait entrainer des besoins de spécialistes en robotique / automatismes;
– Analyste de données : l’analyste de données sera en charge de valoriser les données produites à diverses étapes de la chaîne de valeur pour optimiser la création (identification des grandes tendances), les process industriels (analyse des données transmises par les équipements de production) et les ventes (analyse des données de vente pour optimiser le ciblage des clients);
– Expert cybersécurité : l’expert cybersécurité devra s’assurer de la sécurité des systèmes d’information pour éviter toute cyberattaque susceptible d’interrompre la production et conduire à la divulgation de secrets industriels;
– Ingénieur systèmes : dans un contexte de robotisation et d’automatisation des ateliers, l’ingénieur systèmes devra s’assurer de l’interopérabilité et de l’intégration des systèmes d’informations et en optimiser le fonctionnement;
– Responsable vente à distance : le développement des canaux de vente à distance, métaverse, e-commerce, créera des besoins spécifiques;
– Responsable éthique, diversité, inclusion, respect des cultures : le responsable éthique, diversité, inclusion est en charge d’identifier et d’analyser les enjeux éthiques et culturels émergents dans la société (appropriation culturelle, respect de l’identité de genre…). Il disposera de compétences en anthropologie / ethnologie / sociologie et de compétences juridiques;
– Responsable rétro–logistique : les compétences du responsable rétro-logistique seront très proches de celles du responsable logistique. Ce métier aura à charge de gérer les produits retournés par les clients mais pas la partie expéditions;
– Responsable RSE / Développement durable : le responsable RSE (Responsabilité sociale d’entreprise) / Développement durable sera amené à se développer en lien avec le renforcement et les attentes des parties prenantes, clients, fournisseurs et régulateur. Il sera chargé d’assurer le dialogue avec ces dernières et de mettre en œuvre la politique Développement durable de l’entreprise;
– Opérateur de tri textile : l’opérateur de tri textile se développera dans un contexte d’internalisation du recyclage par les entreprises. Il sera chargé de trier les textiles à recycler notamment par matériau et par type;
– Coordinateur ACV (Analyse de Cycle de Vie) : le métier de coordinateur ACV sera issu de la spécialisation d’un ingénieur R&D (Recherche & développement) / responsable BE (Bureau d’études) sur le sujet des ACV. Pour les entreprises externalisant la réalisation d’ACV, il aura en charge la communication avec le prestataire choisi.
LES FORMATIONS
Concernant les formations, on peut voir que de façon horizontale, des formations aux métiers de la maintenance sont disponibles sur la quasi-totalité du territoire.
Branche Textile
Dans la branche textile, plus des trois quarts des certifications menant aux métiers sont accessibles via la formation continue ou la VAE (Validation des acquis de l’expérience) et 104 certifications menant aux métiers de la branche ont été identifiées. Les CQP (Certificats de qualifications professionnelles) / CQPi (Certificats de qualifications professionnelles inter-branches) représentent un tiers de ces certifications conduisant aux métiers de la branche. Le niveau de qualification moyen des certifications est plutôt élevé : hors certifications de niveau « 0 », celles de niveau 6 à 8 représentent 40% du total. La formation continue et la validation des acquis de l’expérience représentent les deux principales voies d’accès aux certifications identifiées et plus des trois quarts d’entre elles sont accessibles par ces canaux.
En dépit de quelques ajustements nécessaires, l’offre de formation répond globalement bien aux évolutions des métiers en mutation du Textile. Il est à noter que la quasi-totalité des certifications conduisant aux métiers de la branche est associée à au moins une session de formation; 235 CQP ont été engagés par les entreprises de la branche Textile en 2020-2021. Par ailleurs, de nombreuses sessions de formation aux métiers de pilote de ligne de production sont offertes dans les régions aux effectifs Textile les plus importants.
Branche Habillement
Concernant la branche Habillement, 155 certifications conduisant aux métiers de la branche professionnelle ont été identifiées par l’étude. Parmi elles, on compte des certifications de FCIL (Formations complémentaires d’initiative locale), M.O.F. (Meilleur Ouvrier de France) ou encore d’autres titres inscrits au RNCP (Registre nationale de certifications professionnelles). En dehors de ces qualifications, les CQP et CQPi représentent 40% des certifications proposées. Les certifications identifiées présentent un niveau de qualification globalement élevé : hors certifications sans niveau, les certifications de niveau 6 à 8 en représentent la moitié. La formation initiale, la formation continue et la VAE constituent les principales voies d’accès aux certifications identifiées; environ 2/3 des certifications sont accessibles par ces voies et un tiers en contrat d’apprentissage.
La quasi-totalité du territoire est couverte par au moins une session formation conduisant aux métiers de l’habillement. Il est à noter que 38 CQP ont été engagés par les entreprises de la branche en 2020-2021; certaines certifications doivent évoluer, notamment sur le numérique et la transition écologique, pour prendre en compte les évolutions dans l’habillement.
Couture Parisienne
Dans la Couture Parisienne, 149 certifications permettant d’accéder aux métiers de la branche ont été identifiées ; plus d’un quart de ces certifications sont des diplômes de l’Education Nationale et plusieurs diplômes de M.O.F. sont associés à cette branche. Le niveau de qualification moyen des certifications est élevé : hors certifications de niveau 0, 42% des certifications identifiées sont d’un niveau Bac+3 ou supérieur. La formation initiale et la VAE représentent les principales voies d’accès aux certifications : les deux tiers d’entre elles sont accessibles par ces voies et près de la moitié des certifications sont accessibles par contrat d’apprentissage.
Les sessions de formation aux métiers de la Couture Parisienne sont concentrées en Ile-de-France, tout comme les effectifs de la branche. Il est à noter qu’aucun CQP n’a été engagé par les entreprises de la branche Couture Parisienne en 2020-2021; quelques certifications conduisant aux métiers de la branche devront être adaptées pour répondre à l’évolution des compétences.
Branche Cuirs et Peaux
Dans la branche Cuirs et Peaux, il n’existe pas de formation initiale conduisant directement aux métiers de la branche. En revanche, 27 certifications d’enseignement général ou technique permettent d’accéder aux métiers de la branche. Deux CQP (Agent de production en tannerie mégisserie et Coloriste) et prochainement plusieurs CQPi permettront aux salariés en poste d’être reconnus sur leurs compétences.
Hors formation de niveau 0, les formations de niveau Bac et inférieur représentent près de la moitié de l’ensemble des certifications. Le contrat d’apprentissage constitue une voie d’accès aux certifications menant aux métiers de la branche; 186 sessions de formation permettant de conduire aux métiers des cuirs et peaux sont disponibles sur l’ensemble du territoire.
La transition écologique est prise en compte dans le programme des 2 CQP. En revanche, le numérique devra être renforcé dans les programmes de certaines certifications conduisant aux métiers des cuirs et peaux.
La Maroquinerie
Les CQP et les diplômes de l’Education Nationale représentent les 2/3 des certifications menant aux métiers de la branche Maroquinerie; 48 certifications conduisant aux métiers de la branche ont été identifiées. Les CQP représentent 37% de l’ensemble des certifications tandis que les diplômes de l’Education Nationale représentent un tiers du total. Hors niveau 0, les certifications de niveau 3 et 4 (bac et infra bac) représentent la moitié du total. L’intégralité des certifications est accessible via VAE, la quasi intégralité (94%) via contrat professionnel ou via la formation continue. La formation initiale ne représente une voie d’accès que pour 39% des certifications du périmètre; trois certifications concentrent près de 60% de l’offre de formation aux métiers de la maroquinerie.
Notons que 8 CQP ont été engagés par les entreprises de la branche Maroquinerie en 2020-2021; Les certifications conduisant aux métiers de la maroquinerie en évolution répondent globalement aux évolutions pressenties des métiers.
Chaussure et articles chaussants
Dans le domaine de l’industrie de la chaussure et des articles chaussants, 56 certifications permettent d’accéder aux métiers de la branche. Les CQP / CQPi représentent la moitié de ces 22 certifications. Les certifications identifiées couvrent l’ensemble des niveaux. Hors formation de niveau 0, les formations de niveau Bac et inférieur représentent un quart de l’ensemble des certifications. Entre un tiers et un quart des certifications sont accessibles via la formation initiale ou un contrat d’apprentissage tandis que près de 80% sont accessibles en formation continue ou en contrat professionnel. Une centaine de sessions de formation initiale conduisent aux métiers de la branche; 4 CQP ont été engagés par les entreprises de la branche Chaussure en 2020-2021. Les compétences du numérique doivent être renforcées dans certaines certifications de la branche.
PISTES D’ACTIONS
L’analyse des évolutions des métiers et compétences a conduit à la formulation de préconisations adaptées aux enjeux des branches. L’étude a permis de faire émerger des pistes d’action pour accompagner les salariés et les entreprises des branches professionnelles du périmètre dans l’évolution des métiers et compétences. Des préconisations transverses ont été formulées et adaptées aux enjeux de chaque branche (sélection des préconisations appropriées, adaptation du niveau de priorité / de la difficulté de mise en œuvre).
Ces recommandations peuvent être organisées selon trois grands axes :
Axe 1 – Faire connaître les métiers de la branche, leurs évolutions et leurs enjeux
Axe 2 – Structurer des démarches de branche autour d’actions collectives
Axe 3 – Adapter l’offre de formation pour répondre aux mutations des métiers et des compétences.
Faire connaître les métiers des branches, un enjeu clé pour assurer la pérennité des savoir-faire
Alors que la France est associée à des savoir-faire d’excellence dans les branches étudiées, certains métiers des entreprises – notamment les plus industriels – et leur réalité sont peu connus. L’évolution naturelle de la pyramide des âges dans certaines branches va conduire à de nombreux départs à la retraite dans les années à venir. Les savoir-faire patrimoniaux détenus par les entreprises françaises requièrent des temps de formation importants. Attirer de nouveaux profils, en sortie d’étude ou en reconversion professionnelle, est un enjeu clé pour assurer la pérennité de l’activité des entreprises des branches à moyen et long terme.
Structurer des démarches de branche autour d’actions collectives
Des actions collectives, au niveau des branches, permettront d’apporter une réponse efficace aux nombreux enjeux des entreprises, transition écologique et numérique notamment. A l’échelle individuelle, les plus petites entreprises des branches ne disposent, en effet, pas toutes des moyens humains, techniques et financiers pour identifier les enjeux et tirer les bénéfices des transitions numérique et écologique.
Faire évoluer l’offre de formation pour permettre la montée en compétences des salariés sur les sujets clés pour les entreprises des branches
Les métiers et compétences des salariés des branches sont amenés à évoluer pour suivre les évolutions écologiques, numériques, sociétales. L’offre de formation, tant dans son contenu que dans ses modalités pédagogiques, doit évoluer pour répondre à ces enjeux.
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